Cette belle expression, « renaitre de ses cendres », évoque l’image du phénix et cet animal mythique nous vient d’emblée à l’esprit, n’est-ce pas ? Quel oiseau emblématique !
Pour ma part, c’est l’Aigle qui s’est imposé à moi. Tout aussi majestueux mais surtout, plus réel et vraiment inspirant. Ma série « Forest », sans Aigle, ce n’était vraiment pas possible ! Tout comme j’ai intitulé cet article, c’est donc ainsi que se nommera cette aquarelle : « Renaître de ses cendres ». (Vous la trouverez dans ma galerie).
J’ai une affection et un regard particulier pour chaque peinture que je crée et cette série pourrait tout à fait se lire comme un chapitre de ma vie. Mais je dois dire que cette aquarelle d’Aigle est finalement devenue la pièce centrale de ma série « Forest », bien malgré elle, d’ailleurs : Elle est très symbolique pour moi, car elle a bien failli ne jamais voir le jour.
Tout a commencé par un bel été de 2023…
Au sommaire :
Un défi personnel
Avec une si belle envergure, un aigle méritait bien un espace plus conséquent que mon format 23×31 habituel et si confortable, alors, je me suis enfin décidée à prendre mon courage à deux mains pour peindre cet animal en grand format (57x75cm)… Un peu intimidant, car je n’avais jamais tenté l’aventure en grand avec ce médium, mais en même temps, j’aime bien me mettre au défi ! La compétition n’est vraiment intéressante que lorsqu’on fait face à soi-même, enfin, c’est comme ça que je la vois en tout cas !
Cet été-là, je n’ai eu le temps que de commencer à peindre ses ailes. Alors que je misais beaucoup sur cette année-là pour accélérer sur mes projets artistiques, tout à coup, tout est parti de travers ! D’abord, trop de nouveautés à gérer dans le travail… Ensuite, ma main : quasi inutilisable pendant de longs et interminables mois. J’ai bien cru que je ne pourrais plus jamais peindre à nouveau. Quand j’ai enfin réussi à tenir un pinceau, c’est la confiance en cette main défaillante, l’envie et l’espoir qui s’étaient envolés… Alors mon aigle inachevé est resté endormi, adossé à un mur pendant des mois. Pas très royal tout ça…
Ce n’est que récemment, que j’ai retrouvé le courage de lui donner une deuxième chance. Je l’ai d’abord changé de mur pour l’apprivoiser et le croiser plus souvent… c’est tellement dur de recommencer parfois. Sa beauté, à mes yeux, ne tient pas tant à sa perfection (qu’il n’a pas) qu’à son mérite d’être passé au travers du feu, tel le phénix : le feu de mes limites, de mon découragement et de mes impossibilités qu’il a fallu dépasser.
J’ai décidé de mettre une touche de doré dans cette œuvre, c’est très symbolique, ça aussi. Et ça vaut bien une autre petite anecdote !
Le Kintsugi
Connaissez-vous le Kintsugi ? C’est un art japonais que j’ai découvert il y a plusieurs années, et qui consiste à réparer des objets en céramique endommagés, grâce à des jointures en or.
Extraordinaire ! Car, comme tout le monde le sait, la céramique, en général, n’a pas pour seul but d’être décoratif. Et réparer un tel objet avec de la colle ne sert à rien car il devient alors inutilisable sous l’effet de la chaleur. Le réparer avec une résine et de l’or, c’est donc à la fois lui redonner le pouvoir de retrouver son usage initial mais aussi de sublimer ses brisures, ce qui aurait dû le rendre laid. Quelle brillante idée !!
C’est une magnifique illustration de nos vies. Parfois, nous pensons que le « vase » de nos vies est brisé, irréparable, et devient donc inutile. Que plus rien de beau ne pourra sortir de toutes nos cicatrices. Que notre valeur tenait à ce que nous étions avant cet accident, cette chute, ce malheur, et que nos brisures, nos blessures nous ont alors dépouillées, nous ont ôté ce que nous avions de plus précieux, ou même ne se refermeront jamais.
Alors, comment imaginer que ces mêmes cicatrices ou ces plaies béantes puissent un jour finir par valoir de l’or… et ainsi participer à la beauté et à l’esthétique de nos existences…? C’est inconcevable pour nous, un bien trop haut niveau de perspective sur nos propres vies. Aussi perché qu’un aigle ! Mais,… peut-être faut-il parfois adopter une vision aussi aiguisée et une altitude aussi élevée que l’aigle.
Car c’est, en réalité, exactement ça : l’ensemble de nos cicatrices, de nos malheurs et de nos combats fait ce que nous sommes aujourd’hui. Et les camoufler avec de la colle nous fait perdre tout ce qu’elles peuvent nous enseigner, à nous, mais aussi à ceux qui nous entourent. Nos peines, nos souffrances, nos adversités et nos batailles n’enlèvent pas notre valeur. Au contraire, et elles peuvent, en de rares occasions, avoir le pouvoir de libérer aussi d’autres, si nous voulons bien nous montrer parfois, si besoin, vulnérables (auprès de nos proches) et laisser l’or apparaitre. Transcender leur laideur, accepter leur beauté. Laisser un autre espoir éclore et briller, tout à nouveau.
Ce message est certainement à la fois le plus personnel et le plus universel, finalement. Cette année, si particulière, c’était une de ces années « pressoir », une année millésimée… dont on extrait l’essence. Il en sort ainsi quasi toujours et le pire et le meilleur ! Comme au pied du mur, tel un aigle inachevé, il faut parfois faire un travail d’introspection, aller chercher l’or.
La symbolique du sel en Aquarelle
Cet aigle contient aussi du sel sur une partie de son plumage. Mélangé à l’eau et aux pigments, le sel crée une réaction chimique bien particulière et que j’aime particulièrement observer en aquarelle. Inutile d’essayer de la maîtriser, il adviendra ce que le sel aura choisi d’offrir.
Pour moi, ce sel évoque les larmes. Parfois, notre œil est si focalisé sur les épines, les tempêtes, les deuils, l’hostilité, les injustices, les déceptions, les angoisses et les laideurs de ce monde. C’est tellement compréhensible, et tellement épuisant aussi. Sur certains aspects ce monde et cette vie nous font tant souffrir, les épreuves viennent comme briser nos ailes, nous mettre en état de survie et lorsque que nous parvenons enfin à reprendre notre souffle, nous devenons plus prudents voire méfiants et parfois même nous fermons ou anesthésions notre cœur. Qui pourrait nous jeter la pierre ?
Les larmes ont ceci de particulier : accepter la présence de nos souffrances et ainsi en douceur les relâcher, comme une libération. Il en découle souvent des bienfaits insoupçonnés. (les bienfaits des larmes).
Alors, cet aigle vient m’interpeler. Car, un regard sur le monde est souvent comme sur un fil d’équilibriste. On a souvent tendance à focaliser sur ce qui vient nous toucher le plus et qui crée, de ce fait, un effet loupe. On en tire alors des conclusions, sans avoir conscience que, même si nous avons saisi une partie de vérité et de lucidité, nous ne voyons en même temps, que partiellement. Et ce regard, bien malgré nous, nous guide.
Hommage aux personnes inspirantes
Cet aigle, finalement, porte aussi en lui un concentré des belles expériences et des belles rencontres de nos vies : il m’évoque tous les petits bonheurs simples de la vie, ainsi que la somme des gens si précieux, famille et amis de longue date, qui font partie de ma vie et qui m’ont marquée par leur humanité, leur sens de l’amitié, par leur capacité à pardonner, à voir les gens au-delà des apparences, que j’ai observés offrir un regard bienveillant sur le monde, sur les plus fragiles, sur ceux qui n’ont pas de voix, sans rien attendre en retour.
Bien souvent le fruit de leur propre résilience, c’est, pour eux, bien plus qu’une simple émotion, c’est une décision, c’est leur engagement. Ils laissent ainsi une empreinte indélébile, pleine de douceur, comme un baume sur le cœur. Ils transmettent leur Or, leur vérité, leur message. Alors, tout comme mon aigle vient saisir sa couronne, ce sont eux qui méritent leur couronne, ils ont du sang royal, car c’est bien ça la véritable grandeur, c’est celle de l’âme, de l’esprit. Et elle a un goût d’éternité.
Cet aigle, ce n’est pas moi, non, je n’ai vraiment pas cette prétention. Mais c’est une inspiration immense, ça, oui. L’oiseau, à mes yeux, est l’un des plus grands symboles de liberté, l’aigle en particulier. Et il a pris une saveur particulière cette année… car j’ai, enfin, trouvé le courage d’achever de le peindre, symboliquement le signer le 31/12/2024 pour bien terminer l’année.
Bien loin d’un signe d’élitisme ou d’une supériorité, sa combativité évoque davantage la nuée de gens qui se battent silencieusement pour faire face avec dignité et courage à leur adversité.
C’est sûrement donc ça, prendre de la hauteur et voler comme un aigle… forger son esprit, aiguiser son regard, au-delà des émotions, trouver quelque part la force de se relever, apprendre à renaître de ses cendres… retrouver le courage et l’inspiration d’emprunter à nouveau, un pas à la fois, ce chemin escarpé, retrouver le chemin des nuages et réapprendre à voler.
Alors que j’écris ces quelques lignes au mois de janvier, peu importe le moment de l’année, en réalité. Il ne me reste qu’à vous souhaiter à tous une belle et heureuse année… remplie de courage et de la force d’avancer… Fly!
…Et si votre écran devenait une œuvre d’art ?
Je vous offre l’occasion de transformer votre écran en Galerie d’Art ! Tous mes animaux de la série Forest vous attendent… ainsi que quelques fleurs de la série “Floral”. Vous pourrez changer d’œuvre d’art à votre guise ! Ajoutez une touche d’élégance à la française dans votre quotidien… et au passage, ce sera l’occasion de rester en contact et de recevoir des nouvelles sur mon voyage artistique passionnant avec l’aquarelle ! On se retrouve de l’autre côté !
Ressources pour aller plus loin :
Carrière et résilience (sur le site Harvard Business Review) : 6 clés pour maitriser la résilience, la résilience révélatrice de talents
Psychologie et résilience : Boris Cyrulnik: la résilience ou l’art de rebondir à tout âge
Philosophie de la résilience : philosophy of resilience
L’Espoir (Site HOPEXPERTS : Articles inspirés du livre “The World Book of Hope”) : Faire naitre l’espoir, D’où vient l’espoir, Les modèles d’espoir, Mesurer l’espoir, Les Big five de l’espoir.
Citations :
“Ce qui ne nous tue pas nous brise en mille morceaux. Alors oui, c’est joli, la mosaïque, mais c’est long à assembler.” Albert Camus
“Le malheur n’est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet d’organiser une autre manière de comprendre le mystère de ceux qui s’en sont sortis : la résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit d’adversité.” Boris Cyrulnik
“Les êtres les plus forts qui existent en ce monde, sont ceux qui ont le cœur en miettes et qui s’adonnent chaque jour, à répandre du bonheur tout autour d’eux, avec leurs larmes et leurs douleurs, ils apportent à l’humanité toute la grandeur et l’authenticité, qui gît au fond de leur âme.” Joëlle Laurencin
“Le bonheur est un chef-d’œuvre dont vous êtes le peintre.” Sandrine FILLASSIER
Quel bel article inspirant et qui me parle tellement… 🙏.
Très belle continuation 🎨
Mille mercis Sylvie… je ne m’attendais pas à ta petite visite ici 😉
Merci pour tes quelques mots qui me parlent aussi énormément… <3
à très bientôt !