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Les turbulences, ces drôles de graines…
“Le meilleur pour les turbulences de l’esprit c’est apprendre, c’est la seule chose qui n’échoue jamais”.
{ Marguerite Yourcenar }
Si vous connaissez un peu l’agriculture, vous savez sûrement que la terre est d’abord labourée pour préparer une nouvelle culture. Ainsi, les graines décuplent leur chance de bien germer et de donner un fruit plus abondant. Le sol est la base, rien ne se voit et pourtant, il s’en passe des choses sous terre…!
Il en est ainsi de nos vies, parfois elles subissent un labour douloureux, silencieux ou dans l’ombre. Car les mauvaises herbes ou les anciennes cultures doivent faire place à de nouvelles graines. Et cela passe parfois (souvent) par des turbulences, un labour, une refonte. Ces bouleversements, aussi rudes soient-ils, ne disqualifient pas, ils sont souvent une condition d’une renaissance intérieure, ou l’opportunité d’une nouvelle créativité. Ce sont en réalité des diamants pour nos vies, même s’ils ne nous semblent pas l’être.
Se recentrer pour retrouver sa source
S’il est une des choses fondamentales que la vie m’a rappelé, c’est le recentrage. Me rappeler qui je suis. Dépasser les “à quoi bon” et accepter à nouveau ce qui vit en moi. Réapprendre à l’offrir ainsi qu’à le protéger, avec cet équilibre délicat mais vital. C’est peut-être cela, au fond, la véritable culture : apprendre à retourner puiser à la source de son inspiration et de sa création artistique, la protéger et la laisser s’exprimer, tout à nouveau.
Alors, transposé à l’art, je me suis rappelé que le meilleur des arts, pour moi, c’est lorsque le message dépasse les individus, pour s’inscrire dans quelque chose de plus vaste, qui nous dépasse et qui circule librement.
Lâcher prise pour laisser l’art germer
Nous ne sommes pas des vendeurs d’émotions, c’est tellement plus profond et vivant que cela. C’est justement lorsqu’on libère son art, au-delà de soi et de notre petite “gloire” éphémère et si futile, qu’il atteint sa cible. Car nous en lâchons le contrôle, comme en aquarelle, pour laisser l’art faire son œuvre. Germer, pousser. Et porter du fruit dans l’invisible. Dans de nouvelles terres labourées, prêtes à le recevoir à leur tour. C’est là que l’art devient véritablement culture : un souffle qui circule d’une personne à une autre, au-delà du temps.
Evidemment, la source évoque aussi les racines : l’œuvre garde bien sûr l’empreinte de son créateur, son énergie et son histoire. Mais une fois transmise, elle devient plus vaste que lui…
Le fruit de la liberté
Je ne suis pas la finalité, l’objectif, de mon art : c’est le message qui l’est. Et ce message est profondément libre, il ne m’appartient pas. Aussi libre que mes animaux aquarellés “made in Vercors”. Il me survivra, parce qu’il s’agit de vie, tout simplement. Lorsqu’elle est fragile, cette vie, il faut la protéger férocement et lorsqu’elle prend de la force, elle se vit abondamment.
Le fruit durable de la liberté, c’est la vie. Ainsi, l’art et la culture s’unissent dans ce mouvement vital : protéger la vie, la célébrer et la transmettre, toujours plus loin.
Sans oublier qu’après le labour, un jour le champ verdit, puis blanchit et ensuite vient la récolte. Toujours. C’est la loi des saisons !
Et après la récolte, vient le temps des recettes. Encore une autre manière de multiplier toutes ces graines. Et comme j’aime les cerises (c’est ma petite madeleine de Proust!), vous trouverez une belle recette de Clafoutis (ce n’est pas ce que je préfère, car une simple cerise donne déjà l’essentiel!), ainsi qu’une petite recette sans prétention à base d’œufs… du Vercors. Il y a de grandes chances pour que mes chères grands-mères les aient aussi cuisinées…
Et bon appétit, bien sûr !